Le syndrome de Usher
Le syndrome de usher
Qu’est-ce que le syndrome de Usher ?
Le syndrome de Usher est une maladie génétique causant la perte combinée et progressive de deux sens : l’ouïe et la vue, et parfois l’équilibre est également touché. Les principaux symptômes du syndrome de Usher sont la surdité ou une perte auditive associée à une maladie de la rétine appelée rétinite pigmentaire (RP).
C’est la principale cause de surdi-cécité et on estime qu’1 enfant sur 30 000 naît en Europe avec le syndrome de Usher.
Qui est concerné par le syndrome d’Usher?
Le syndrome de Usher affecte environ 4 à 17 personnes sur 100 000, et représente environ 50 % de tous les cas de surdicécité héréditaire. On pense que la maladie représente 3 à 6 % de tous les enfants sourds, et 3 à 6 % des enfants malentendants.
Quelles sont les caractéristiques des trois types de syndrome de Usher ?
Il existe trois types de syndrome de Usher.
Type 1 : Les enfants atteints du syndrome de Usher de type 1 ont une perte auditive profonde ou une surdité à la naissance et ont des troubles de l’équilibre. Beaucoup ne tirent que peu ou pas d’avantages des appareils auditifs, mais peuvent être candidats à un implant cochléaire, un appareil électronique qui peut fournir une sensation sonore aux personnes souffrant de surdité ou de perte auditive sévère. Les parents doivent consulter assez tôt le médecin ainsi que d’autres professionnels de la santé auditive afin de déterminer les options de communication pour leur enfant. L’intervention doit commencer rapidement, lorsque le cerveau est le plus réceptif à l’apprentissage du langage, qu’il soit parlé ou signé.
Les problèmes d’équilibre associés au syndrome de Usher de type 1 retardent la position assise sans soutien. La marche survient rarement avant 18 mois. Les problèmes de vision avec le syndrome d’Usher de type 1 commencent généralement avant l’âge de 10 ans par des difficultés à voir la nuit et évoluant vers une perte de vision sévère sur plusieurs décennies.
Type 2 : Les enfants atteints du syndrome de Usher de type 2 naissent avec une perte auditive modérée à sévère sans anomalies de l’équilibre . Bien que la gravité de la perte auditive varie, la plupart des enfants atteints du syndrome de Usher de type 2 peuvent communiquer oralement et bénéficier d’appareils auditifs. La RP est généralement diagnostiquée à la fin de l’adolescence chez les personnes atteintes du syndrome de Usher de type 2.
Type 3 : Les enfants atteints du syndrome de Usher de type 3 ont une audition normale à la naissance. La plupart ont un équilibre normal à presque normal, mais certains développent des problèmes d’équilibre avec l’âge. La perte auditive et visuelle varie. Les enfants atteints du syndrome de Usher de type 3 développent souvent une perte auditive à l’adolescence, nécessitant des aides auditives entre le milieu et la fin de l’âge adulte. La cécité nocturne commence aussi généralement pendant l’adolescence. La cécité légale survient souvent vers la quarantaine.
Type 1 | Type 2 | Type 3 | |
Audition | Perte auditive profonde ou surdité à la naissance | Perte auditive modérée à sévère à la naissance | Perte auditive progressive dans l’enfance ou au début de l’adolescence. |
Vision | Diminution de la vision nocturne à l’âge de 10 ans, évoluant vers une perte de vision sévère vers la quarantaine | Diminution de la vision nocturne à l’adolescence, évoluant vers une perte de vision sévère à la quarantaine | Varie en gravité et en âge d’apparition ; les problèmes de vision nocturne commencent souvent à l’adolescence et évoluent vers une perte de vision sévère vers la quarantaine. |
Equilibre (fonction vestibulaire) | Problèmes d’équilibre dès la naissance | Équilibre normal | Équilibre dans l’enfance; risque de problèmes ultérieurs |
La surdité ou la perte auditive dans le syndrome d’Usher est causée par un développement anormal des cellules ciliées (cellules réceptrices du son) dans l’oreille interne. La plupart des enfants atteints du syndrome d’Usher naissent avec une perte auditive modérée à profonde, selon le type. Moins fréquemment, la perte auditive due au syndrome d’Usher apparaît pendant l’adolescence ou plus tard. Le syndrome d’Usher peut également causer de graves problèmes d’équilibre en raison d’un développement anormal des cellules ciliées vestibulaires, des cellules sensorielles qui détectent la gravité et les mouvements de la tête.
La RP provoque initialement une cécité nocturne et une perte de la vision périphérique (latérale) par la dégénérescence progressive des cellules de la rétine. La rétine est le tissu sensible à la lumière à l’arrière de l’œil et est cruciale pour la vision. Au fur et à mesure que la RP progresse, le champ de vision se rétrécit jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la vision centrale, entraînant une vision en « tunnel ». Les kystes (ou œdème maculaire) de la macula (la partie centrale de la rétine) et les cataractes (opacification du cristallin) peuvent parfois provoquer une baisse précoce de la vision centrale chez les personnes atteintes du syndrome d’Usher.
Qu’est-ce qui cause le syndrome d’Usher?
Le syndrome de Usher est héréditaire, ce qui signifie qu’il est transmis des parents à l’enfant par les gènes. Chaque personne hérite de deux copies d’un gène, une de chaque parent. Parfois, les gènes sont modifiés ou mutés. Les gènes mutés peuvent entraîner le développement ou le comportement anormal des cellules.
Le syndrome de Usher se transmet de façon autosomique récessif.
« Autosomique » signifie que les hommes et les femmes sont également susceptibles d’avoir la maladie et également susceptibles de le transmettre à un enfant de l’un ou l’autre sexe.
« Récessif » signifie que la maladie survient uniquement lorsqu’un enfant hérite de deux copies du même gène défectueux, une de chaque parent. Une personne avec un gène Usher anormal n’a pas la maladie, mais est un porteur qui a 50% de chances de transmettre le gène anormal à chaque enfant. Lorsque deux porteurs du même gène muté du syndrome de Usher ont un enfant ensemble, chaque naissance a :
- 1 chance sur 4 d’avoir un enfant qui n’est ni atteint du syndrome de Usher ni porteur
- 2 chances sur 4 d’avoir un enfant porteur sain
- 1 chance sur 4 d’avoir un enfant atteint du syndrome d’Usher
Comment diagnostique-t-on le syndrome de Usher ?
Le diagnostic du syndrome de Usher implique des questions pertinentes concernant les antécédents médicaux de la personne et les tests d’audition, d’équilibre et de vision. Un diagnostic précoce est important, car il améliore le succès du traitement. Un médecin spécialisé peut examiner la rétine à la recherche de signes de RP (la pupille doit être dilatée). Les tests de champ visuel mesurent la vision périphérique. Un électrorétinogramme mesure la réponse électrique des cellules photosensibles de l’œil dans la rétine. Les coupes maculaires et temporales en OCT (tomographie par cohérence optique) sont requises pour suivre le patient et évaluer les modifications kystiques maculaires. La vidéonystagmographie mesure les mouvements oculaires involontaires qui pourraient signifier un problème d’équilibre. Les tests d’audiologie déterminent la sensibilité auditive à une gamme de fréquences.
Les tests génétiques peuvent aider à diagnostiquer le syndrome de Usher. Jusqu’à présent, les chercheurs ont trouvé 9 gènes qui causent le syndrome de Usher. Les tests génétiques sont disponibles pour tous :
- Syndrome d’Usher de type 1 : MY07A, USH1C, CDH23, PCHD15, USH1G
- Syndrome d’Usher de type 2 : USH2A, GPR98, DFNB31
- Syndrome d’Usher de type 3 : CLRN1
Des tests génétiques pour le syndrome de Usher peuvent être disponibles dans le cadre d’études de recherche clinique.
Comment traite-t-on le syndrome d’Usher?
Actuellement, il n’y a pas de traitement pour le syndrome de Usher. Le traitement consiste à gérer les problèmes d’audition, de vision et d’équilibre. Un diagnostic précoce permet d’adapter les programmes éducatifs qui tiennent compte de la gravité de la perte auditive et visuelle ainsi que de l’âge et des capacités de l’enfant. Les services de traitement et de communication peuvent inclure des prothèses auditives, des dispositifs d’aide à l’écoute, des implants cochléaires, une formation auditive et/ou l’apprentissage de la langue des signes. La formation à la vie autonome peut inclure une formation à l’orientation et à la mobilité pour les problèmes d’équilibre, des cours en braille et des services pour les malvoyants.
Il est important de ne pas aggraver la perte des photorécepteurs en suivant des règles hygiéno-diététiques : pas de tabac (favorise l’atrophie de la zone centrale), alimentation variée et équilibrée riche en antioxydants (fruits et légumes), poisson trois fois par semaine (100g par personne). Pratique d’un sport une heure par jour.
Quelles recherches sont menées sur le syndrome d’Usher ?
Les chercheurs tentent d’identifier des gènes supplémentaires qui causent le syndrome de Usher. Ces efforts conduiront à un conseil génétique amélioré et à un diagnostic plus précoce, et pourraient éventuellement élargir les options de traitement.
Les scientifiques développent également des modèles de souris présentant des caractéristiques similaires au syndrome de Usher. La recherche utilisant des modèles de souris aidera à déterminer la fonction des gènes Usher et à éclairer les traitements potentiels.
D’autres domaines d’étude comprennent le développement de nouvelles méthodes pour l’identification précoce des enfants atteints du syndrome de Usher, l’amélioration des stratégies de traitement pour les enfants qui utilisent des prothèses auditives ou des implants cochléaires pour la perte auditive, et le test de stratégies d’intervention innovantes pour aider à ralentir ou à arrêter la progression de la RP. Les chercheurs cliniques caractérisent également la variabilité de l’équilibre chez les personnes atteintes de divers types de syndrome de Usher.
Cliquez sur ce lien pour connaître tous les essais cliniques en cours sur le syndrome de Usher :
https://www.clinicaltrials.gov/ct2/results?cond=%22Usher+syndrome%22
Récentes actualités sur le projet Stellar mené par la société ProQR Therapeutics :
Les oligonucléotides antisens : application aux mutations de l’exon 13 du gène USH2A, dans certains syndromes de Usher de type 2 et certaines rétinites pigmentaires isolées de transmission autosomique récessive.
Cet essai thérapeutique consiste cette fois-ci à utiliser de l’ARN afin d’empêcher la production de protéines mutantes. En effet, l’ADN code d’abord pour un ARN qui est ensuite traduit en une protéine. On réalise une injection d’un ARN bloquant (ARN antisens) dans le vitrée (gel se trouvant en avant de la rétine). Cette petite molécule diffuse dans la rétine, et atteint tous les photorécepteurs encore viables. L’ARN ajouté viendra se fixer sur l’ARN muté, qui n’a pas encore été traduit en protéine mutée, afin de faire sauter l’exon 13. Les photorécepteurs produisent alors des protéines incomplètes (sans exon 13). Toutefois cette nouvelle protéine est paradoxalement fonctionnelle, d’où le bénéfice de cette approche thérapeutique. La thérapie arrêtera la dégénérescence des photorécepteurs. Cette thérapie a permis aux 3 patients traités à Montpellier d’avoir un gain d’acuité visuelle, et un gain en vision nocturne. C’est la première fois qu’une thérapie permet un gain d’acuité visuelle. Il est hautement probable qu’il y ait nécessité d’apporter plusieurs fois par an l’ARN antisens. (https://www.proqr.com/Stellar-study-for-USH2A-retinitis-pigmentosa)
Les déficiences auditives et visuelles retentissent au quotidien sur la vie familiale, la scolarité, la vie professionnelle et sociale. Les principaux handicaps liés à ces déficiences touchent la communication, la mobilité, les déplacements et la gestion de la vie quotidienne. Chez les enfants atteints, les problèmes d’audition présents à la naissance sont à l’origine d’un retard d’acquisition du langage oral et compromettent les apprentissages scolaires en l’absence d’une prise en charge adaptée. Ces enfants maîtrisent la plupart du temps les actes de la vie quotidienne grâce à leur vue. L’apparition de l’atteinte visuelle qui s’aggrave progressivement peut conduire à leur isolement et les perturber dans les actes de la vie quotidienne.
Quelles sont les conséquences sur la vie professionnelle ?
A l’âge adulte les difficultés visuelles s’aggravent. Les déplacements la nuit deviennent difficiles, voire très difficiles, et nécessitent une rééducation. L’accès aux documents écrits est plus compliqué, la personne peut avoir besoin de recourir à des aides techniques et optiques. Selon l’évolution du champ de vision, la conduite automobile peut devenir très dangereuse pour soi et pour les autres. Pour maintenir l’autonomie dans la vie quotidienne, des transformations, des adaptations et des rééducations sont envisageables par le biais de services spécialisés « basse vision». L’exercice de l’activité professionnelle et parfois le trajet pour s’y rendre peut engendrer des difficultés et nécessiter des aménagements : temps partiel, aménagement du poste de travail, reclassement, changement de poste, milieu protégé… Des mesures d’accompagnement, pour les trajets, peuvent être proposées, le médecin du travail reste l’interlocuteur privilégié. Avec l’installation de la malvoyance, les moyens de communication vont se modifier. Le passage à un moyen de communication par le toucher (tactile) comme la langue des signes tactiles ou l’apprentissage du braille peuvent s’avérer nécessaire mais tant que certaines capacités visuelles persistent, il est difficile de se résoudre à adopter de nouveaux moyens de communication. En France, dans chaque département des services sont prévus pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. D’autres prennent en charge l’adaptation des postes de travail en accord avec le médecin du travail. Ces adaptations sont réalisées par des ergonomes. En France, l’Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées (Agefiph) est un organisme spécialisé qui aide les personnes handicapées et les entreprises du secteur privé à réussir l’insertion dans la vie professionnelle. Le Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP) réalise les mêmes actions dans le secteur public.
Les maladies de la rétine
Le syndrome de Usher en vidéos
Qu'est-ce que le syndrome de Usher ?
Témoignage de Théo
Vaincre le syndrome de usher avec l'IRRP
L’IRRP soutient activement les équipes de recherche sur le syndrome de Usher en finançant des projets très prometteurs dans les domaines de la thérapie génique et cellulaire.
Elle entretient en particulier des liens étroits avec l’Institut des Neurosciences de Montpellier dont elle finance le projet suivant pour cette année 2022:
INM, Inserm U1051 CHRU Montpellier – Dr Vasiliki Kalatzis
Projet partenariat sous l’égide de l’IRRP : Comprendre la pathophysiologie des maladies rétiniennes liées à USH2A et valider la pathogénicité de nouveaux variants génétiques
Vasiliki Kalatzis (INM, Inserm, Université de Montpellier), Anne Françoise Roux (Laboratoire de Référence des Pathologies Neurosensorielles Rares, CHU Montpellier) et Isabelle Meunier (Centre national de référence des maladies sensorielles génétiques, Maolya, CHU Montpellier)
Le projet USH2A doit pouvoir se développer au sein de notre laboratoire sans être limité ou ralenti par le manque de matériel.
Nous avons impérativement besoin d’un microscope de haute qualité (avec caméra) pour suivre les cultures des cellules iPS puis des organoïdes rétiniens (les nettoyer, les diviser, les amplifier…) et documenter leurs morphologies.
Nous aimerions donc solliciter l’association l’IRRP pour une aide financière de 11 850 € pour l’achat de ce microscope.
Ceci nous permettra de poursuivre et progresser dans le projet USH2A et des traitements par correction des mutations en complément et en parallèle de nos autres projets (ABCA4, CHM, RLBP1 etc.) qui utilisent la même technologie des organoïdes rétiniens dérivés de cellules iPS.
Pour cela, l’IRRP a réalisé un appel à dons via la plateforme de financement participatif HelloAsso, ce qui nous a permis de collecter un montant total de 2760 € .
Un grand merci à tous les donateurs d’avoir permis l’achat de ce microscope !
Pour connaître tous les détails de ce projet, cliquez ci-dessous.